juillet06

C'est un blog né de l'impuissance. Impuissance face aux discours steriles, à la méchanceté gratuite, à la folie et à l'égocentrisme de ceux qui veulent gouverner et construire des nations. Un blog qui me ressemble : incohérent et interrogateur, drôle et larmoyant. Valérie

Thursday, October 04, 2007










IMPRESSIONS-MATIN



Ce matin, Beyrouth est gris. A la surface de mon café au lait, flottent de minuscules graines qui ne veulent pas aller s’écraser au fond. Contre le sucre. Je sais qu’il fera très chaud dans quelques heures. Que les enfants se lamenteront. Ce sera aussi une raison de refuser le travail. Je suis à moitié réveillée ou à moitié endormie selon le profil droit ou gauche. Il y a toujours un coté qui émerge le premier. Celui que j’écrase le moins en dormant.
La journée a commencé pour la plupart des gens et j’entends les institutrices crier déjà dans les classes. Ou chanter. Il est à peine neuf heures. Ma journée se termine à 18h. C’est rare. Trois dernières heures : théâtre. Je me demande si je vivrai la même chose que la semaine précédente : ils m’ont poussé à faire l’exercice avec eux et je me suis retrouvée sur scène parlant d’une voix peu assurée et très émue de mon identité libanaise etc alors que j’avais prévu de leur raconter l’histoire de ma trousse vietnamienne. Le théâtre opère toujours de manière ambiguë. Il surprend et une fois sur cette chaise au milieu de la scène, je n’ai plus maitrisé ce qui se passait. Je m’en suis voulu d’avoir franchi une certaine limite dans l’ « intime » mais c’était trop tard et je crois que le cours s’est poursuivi avec plus de chaleur et d’enthousiasme.
J’ai envie de clases idéales où les enfants auront des têtes d’éponge, pas les enfants, surtout les ados. J’ai l’impression de me noyer dans de la bêtise en classe de troisième. Ca fuse de partout et ca les submerge… Et moi avec. C’est terrible…
Il y a quelques jours, ils ont reçu un savon du proviseur : La classe était si sale, si immonde que les déchets qui jonchaient sol et tables étaient non identifiables. Il leur a parlé aussi de leur comportement face à un nouvel élève qu’ils maltraitent… : « Si vous pensez que les gens viennent à Beyrouth, pour les immeubles en béton et les espaces verts ou par la sécurité, vous vous trompez, c’est pour l’accueil qu’ils viennent… »
Je ne sais pas s’ils ont compris grand-chose et ca m’a fait encore plus de peine
Le public « élite », avenir du pays ? Le public « élite », incapable de ramasser ses propres déchets, habitué à ce que la « bonne » nettoie après lui.
J’ai parfois l’impression que tous ces sri-lankais, égyptiens, indiens… (pour ne pas citer les plus proches) sont plus libanais que nous… Alors on les traite très mal… Et après ?