juillet06

C'est un blog né de l'impuissance. Impuissance face aux discours steriles, à la méchanceté gratuite, à la folie et à l'égocentrisme de ceux qui veulent gouverner et construire des nations. Un blog qui me ressemble : incohérent et interrogateur, drôle et larmoyant. Valérie

Thursday, April 05, 2007





LETTRE OUVERTE, CLOSE, OUVERTE, CLOSE....

Je n’en peux plus de t’écouter : tes rumeurs et surtout ton silence pesant qui s’infiltre malgré les klaxons, les murmures, les jouissances nocturnes et le miaulement des chats en chaleur.
Je n’en peux plus, tu comprends, te regarder et souffrir sans arrêt. Avoir cette pointe au coté, cette main sur la gorge qui continue à serrer, desserrer, serrer un peu plus fort, compresser mes larmes dans ma poitrine, les faire suinter et parfois exploser.
Je n’en peux plus de cette situation, avec ou sans, ensemble ou séparés, amis ou ennemis. Je m’en viens à aimer les choses claires, horizontales, tracées, définies, moi qui suis le fouillis permanant.
Non, ce n’est pas que nous ne nous comprenons plus, enfin pas à toutes les heures, pas à toutes les sauces. Quand mon regard se contente de te traverser, cherchant désespérément un appui où se poser à l’horizon, j’ai peur et je me sens coupable de t’être indifférente l’espace de quelques instants. L’espace de quelques instants mon regard erre et se heurte au vide et ça fait mal !
Et quand je me sens pleine de toi, cela ne me rassure plus et je me sens prise au piège, condamnée pour l’éternité à tomber dans tes crevasses, à me faire siffler les oreilles par tes balles, à finir sourde à cause de tes rumeurs blafardes.
Je me sens chèvre désarticulée dansant au milieu d’un champ où poussent des arbres métalliques aux kalachnikovs dorées, où l’herbe est souffre qui tombe en poussière aussitôt que tu l’approches.
Pourquoi j’ai décidé de briser le silence ? Parce que je n’en peux plus de parler seule. De spéculer sur un avenir peut-être déjà mort. Je n’en peux plus de ce bourbier, made in grandes puissances, au rabais, sur-soldé. Liquidation totale !
Tu sais peut être si on faisait comme eux, cela nous sauverait. Non ? Imagine que l’on remplace la statue des martyrs par une statue de la liberté ! On aurait l’air vachement civilisés, non ? Ça marcherait, tu crois ?
Tu souris amèrement et ça me tue. Tu as raison, plus loin à coté de la statue il y a un homme libre assis au pied d’une fontaine sous un arbre, solitaire, de plus en plus solitaire. Et pas loin de lui, un autre homme libre dont le portrait ne fait que rétrécir. A croire que c’est l’effet de la pluie.
Et en face, un autre portrait, trop récent pour commencer à prendre des dimensions plus petites. La taille de ces portraits illustre-t-elle la taille des peines ?
Mon professeur de théâtre me parle toujours de trois points dont je ne me lasse jamais : La liberté, la richesse et la générosité.
La liberté, le point de départ absolu qui mène à la richesse, toute richesse qui mène à la générosité, la générosité de ne plus se condamner à mort la générosité de ne plus être la raison de ces portraits qui rétrécissent jusqu'à devenir des feuilles A4 qui circuleront encore sur les murs quand nous ne serons plus là.
Maintenant, c’est toi qui es gênée, et moi qui ai le sourire amer. Ne t’inquiète pas, je ne parlais pas de toi. Tu sais j’ai l’impression folle, l’espoir étrange que toi tu seras toujours là, différente certes mais là, un peu plus blonde, rousse peut-être, le corps de moins en moins flottant, plus bétonné.
C’est à moi que je pensais. Bien que tu saches plus que n’importe qui d’autre combien ça me fait peur de penser à ça. Je pensais au jour où je ne verrai plus ces portraits, est-ce que j’aurai eu le temps de laisser des traces derrière moi, est-ce que l’on m’aura donné, l’opportunité, le droit, le TEMPS de le faire ?
Est-ce que la région va cramer cet été, et nous avec ? laissant derrière nous des tas de manuscrits inachevés, qu’on publiera un jour et qu’on fera lire aux collégiens lors de séquences sur la guerre et ses horreurs pour leur montrer que ce sont des choses à ne pas refaire ?
Et toi ? il y aura toujours quelqu’un qui vendra son âme pour toi, quelqu’un qui investira dans tes entrailles, sur tes décombres toujours à la recherche de ton passé glorieux, disparu. Il construira sur nous, en nous et nous enfoncera de plus en plus bas, vers la vieille cité, que tout le monde continue à chercher.
Nous deviendrons les murmures, les voix qui se réveillent la nuit, qui cogneront contre les nouveaux pavés construits exactement pareils aux anciens à partir de photographies et spécimens pris en 2007, ces derniers construits exactement sur le modèle…, ces derniers….