juillet06

C'est un blog né de l'impuissance. Impuissance face aux discours steriles, à la méchanceté gratuite, à la folie et à l'égocentrisme de ceux qui veulent gouverner et construire des nations. Un blog qui me ressemble : incohérent et interrogateur, drôle et larmoyant. Valérie

Wednesday, August 16, 2006




L'HOMO-SOLIS

Pour souhaiter la bienvenue à la vie
Un homme sur la plage décide de caresser le soleil
On dit que la guerre est finie.
A sa façon, il veut l’exprimer
Il appelle l’astre vital
Ce dernier est réticent,
Cela fait un mois qu’il est captif
Il avait été pris en otage par une bande de nuages grognons, mais,
Avait réussi à s’échapper lorsque des cerfs-volants tenaces avaient décidé
D’attaquer les nuages…
La liberté de flotter dans le ciel lui a manqué.
Cependant, l’homme ne dresse pas sa main entière
Et son doigt tendu n’a pas l’air possessif
Le soleil accepte de s’y poser quelques instants
Pour l’apprivoiser, l’homme le chatouille du bout du doigt,
Le fait tourner dans tous les sens
Le soleil a le vertige et se met à rire à gorge déployée
Si fort que ses rayons éclaboussent tous les corps environnants
A des dizaines et des dizaines de kilomètres :
D’abord les corps des rares baigneurs, celui du marchand de glace,
Les tournesols qui se dressent encore fiers derrière le parking,
Le toit brique des maisons aux alentours,
La montagne où il profite de se reposer dans les nouvelles crevasses.
Il rejoint la centrale électrique calcinée et couvre de sueur le front des travailleurs,
Suit les lignes blanches de l’autoroute : vers le sud, vers le nord.
S’infiltre dans les décombres des maisons, sèche les larmes des joues des enfants,
Se pose dans le cœur des hommes qui ont tout perdu.
Plus loin, plus loin, vers la ligne bleue qui devient verte tout un après-midi.
De l’autre coté, il se pose sur les toits de voitures qui croulent sous des dizaines de matelas en ’éponge,
Joue avec les mouchoirs blancs que font voler les enfants qui ont hâte de retrouver leurs habitations.
Il monte plus haut, plus loin.
S’étend de l’est à l’ouest, salue les moutons de la plaine de la Bekaa et joue cache-cache dans les nouvelles fissures du temple de Baalbek.
Et puis, tout à coup, le rire du soleil se calme,
Devient gloussement puis sourire large, moins large, petit sourire.
Il se retire doucement, revient au centre du doigt avant de s’en éloigner imperceptiblement
Sans brusquerie.
Le soleil rejoint l’horizon.
Le voyage l’a fatigué,
Il plonge alors dans l’eau brillante et bleutée.
Se ressourcer.
Faire fi des plaques huileuses
Les disperser.
L’homme le regarde faire
Le soleil lui rappelle les plongeons divins des dauphins.
L’homme a toujours le doigt tendu
L’attente.
Une étoile. La première.
Doucement, il chuchote son nom
L’étoile tressaille et se penche vers l’homme.




(MERCI à Milou et Christophe pour la magnifique photo :) )


2 Comments:

At 2:35 AM , Anonymous Anonymous said...

This comment has been removed by a blog administrator.

 
At 3:40 PM , Anonymous Anonymous said...

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