Joyeux Anniversaire (?)
- Tu dores Valutin + 1an ??? Tas fêté un peu ?
- Je te souhaite un très très très joyeux anniversaire dans un très très très sale pays
- Bonne journée je ne sais pas comment mais autant que possible. J’aurai aimé que la guerre se termine aujourd’hui.
- J’espère que l’année prochaine ce sera plus joyeux
- … une petite colline fleurie, {… }de la danse, dur rire qui éclatent, c’est ce que je te souhaite pour ton anniversaire
- Happy birthday to u, happy birthday to u… et pour toi et en ton honneur, un magnifique feu d’artifice. Ils ont bombardé le phare :)
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Chaque année (depuis sept ans) je fuis le pays aux alentours du dix août. Cela s’est fait naturellement et s’est instauré.
Comme ça, j’ai l’impression que le temps passe moins vite, que je contrôle un peu la situation.
Et puis, quand je rentre, je fête avec les gens que j’aime mais ce n’est pas à la bonne date alors je sens moins la pression et me laisse vite emporter par les tourbillons de la musique…
Aujourd’hui je suis au Liban. Depuis hier soir, à minuit, les sms et les coups de fil me rassurent. Ils viennent de gens qui m’assurent de leur présence, de leur existence.
Je n’aurai pu être nulle part ailleurs aujourd’hui.
Avoir vingt sept ans en temps de guerre à Beyrouth. Je n’y aurai jamais cru.
Je me souviens d’un seul anniversaire sous les bombes. Celui où j’ai eu dix ans.
Nous avons passé tout l’après midi à courir de la salle à manger au couloir selon l’intensité des bombes.
C’était drôle et grave en même temps.
Dans toutes les photos on a l’air essoufflés mais souriants…. (cf photo)
Je ne sais plus si je ce jour-là j’ai réussi à éteindre les bougies ou si elles ont fondu toutes seules sur le gâteau.
Pour cette année, on planifiait de réserver la Rest house de Tyr ou d’aller camper dans le fond de la Bekaa.
La plus grosse difficulté consistait à mettre tout le monde d’accord sur un même plan pour ne pas avoir à réserver, changer d’avis réserver à nouveau…
Aujourd’hui…..
Cette indécision générale était ce qui m’énervait le plus et j’arrivai plus au moins à manifester ma colère.
Aujourd’hui je suis très en colère sous un visage souriant (car je veux que ce jour ait au moins l’apparence d’être joyeux)C’est une colère interne que je suis incapable de sortir. Elle implose 24h/jour mais ni je ne crie, ni je m’impatiente, ni je tremblote….. C’est tout le contraire. Il n’y a que mes yeux qui sont certainement beaucoup plus noirs que d’habitude et ma bouche qui est toute le temps desséchée.
Il est 11h 51. J’entends des bombardements au loin. Sourds.
11h52 deuxième écho. Ca ressemble au bruit que produisent les citernes d’eau en se vidant.
Une voiture passe dans la rue. Musique super élevée. Les slogans de la MTV, cette chaîne télévisée qu’on a condamnée il y a plus de cinq ans
On m’a raconté une blague bien libanaise dimanche :
Pourquoi Olmert a – t-il beaucoup de fans parmi les femmes d’Achrafieh ?
Et ben parce qu’il leur a promis de les ramener vingt ans en arrière ! !
12 : 01 Ma mère m’appelle affolée. Ils ont parlé de bruits étranges à la radio. Ce n’est toujours pas identifié. Cela la rassure que je sois à la maison. Elle me demande si je ne veux pas écouter les infos. Quelque chose que je voulais éviter de faire aujourd’hui. Au moins pas avant le soir.
J’allume la TV 30 secondes. Rien.
Je parlais d’Olmert et de ses promesses….
Je l’emmerde point barre. (Voila la colère qui sort un peu)
Je fais partie d’une génération qui se crève pour se construire un semblant de stabilité, qui espère en un Liban meilleur et qui tente de le construire. Décidée à rester parce qu’elle est la génération moteur : celle qui installe des pylônes, qui pense à bâtir des familles, qui travaille, réfléchit, s’accroche…
Avant le 12 juillet (et malgré l’horreur de l’année 2005) nous jouions le jeu du Grand leurre : foi, ambition, action et longue attente… en croyant aux miracles.
Aujourd’hui nous ne jouons plus et la foi…. ?
Comme nous nous perdons de vue dans le sens réciproque et réfléchi, je ne sais pas ce qu’il reste de la foi en soi, en les autres, en l’homme en général.
Je ne veux pas retourner vingt ans en arrière. Ca fait dix ans que je me construis des repères,
Je ne veux pas éclater en parcelles. Je ne veux pas être réduite en poussières qui iront flotter et se joindre à toutes les autres. Se suspendre au dessus de la ville et accentuer les tonalites grisâtres du ciel.
Je veux pouvoir croire que l’année prochaine j’aurai vingt huit ans et que je serai toujours là. Pas à ma place car je ne supporte pas la stagnation. Mais là, au Liban, dans Beyrouth qui continuera à se ressembler : décousue mais belle à crever.
1 Comments:
je suis desolee. Je viens de voir le message. Si tu es tjs a B voici mon email valerc@gmail.com
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