Mon téléphone sonne. C’est Emile. Il ne veut pas me réveiller et me dit de le rappeler. Il est neuf heures 10. Les oiseaux gazouillent. C’est le calme plat. Ma chambre donne sur ne petite cour au milieu des immeubles. Je perçois le bruit du ballon qui s’arrête. Les enfants ne crient pas. D’habitude ce sont eux qui me réveillent. Débordants d’énergie tous les matins. Je me lève. La maison est vide. Le ciel est gris. Nous sommes en juillet. Le ciel est gris. La même question tous les matins depuis 10 jours : Est-ce que je vais y arriver ? Es-ce que je vais arriver à croire ? Croire que c’est la guerre. Je ne sais pas. Pourtant il y a des facteurs indéniables : - Ma mère et ma sœur isolées à la montagne depuis 10 jours - Moi scotchée tous les matins, tous les après-midi, tous les soirs à mon écran d’ordinateur - Le silence de la ville - La fermeture des magasins - Le bruit des bombes - Le départ des gens - Le silence de la ville. - LA PEUR qui s’infiltre à nouveau partout partout partout. La PEUR qu’on avait réussi à domestiquer, à gérer tient à nouveau les reines et se prend un malin plaisir à nous faire galoper sur un rythme d’enfer. Ca ne veut pas dire que ce matin j’y croirai. Ca ne veut pas dire que ce matin je me joindrai au millier de gens qui aident les réfugiés. Ca ne veut pas dire que ce matin je dépasserai mon état de ver de terre passif. Je ne suis pas un ver de terre que l’on a recroquevillé. Pas encore du moins. Mais un ver de terre quand même. Un minuscule être mais vraiment quoi les plus petits vers de terre avec le minimum de capacités de réflexion, d’audition et surtout d’action. |
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