juillet06

C'est un blog né de l'impuissance. Impuissance face aux discours steriles, à la méchanceté gratuite, à la folie et à l'égocentrisme de ceux qui veulent gouverner et construire des nations. Un blog qui me ressemble : incohérent et interrogateur, drôle et larmoyant. Valérie

Tuesday, August 08, 2006


LA MOUCHE ET LA PETITE FILLE


- Héé la mouche… la mouououche ! Pourquoi tu réponds pas ?? T’es qu’une méchante ! Et puis, j suis sure qu tu fais exprès de faire tous ces bruits affreux. Tu m fais peur tu sais. Mais arrête vilaine ! Arrreêête !
Quand je t’ai accusée chez mon papa, il a eu un sourire bizarre et a regardé vers le ciel. Mais toi, mouche, t’étais pas dans le ciel. T’étais juste là, collée à la vitre, et tu faisais bbbzzzzz bbbzzz puis vrouou bvrouuu de plus en plus fort. Papa m’a portée loin de la vitre. J’essayai de lui expliquer qu’il fallait t’écraser pour que la vitre arrête de bouger. Mais non ! Il voulait rien entendre.
Le soir, j’ai dormi entre maman et papa. Ils avaient pas l’air très contents et n’arrêtaient pas de se chamailler. Je crois que c’est à cause du tonnerre. Je crois que maman voulait aller à la piscine mais que papa il voulait pas à cause de la pluie. Mais je la voyais pas moi la pluie.
Et parce que le ciel allait nous tomber sur la tête. Il disait.
Cette nuit, on n’a pas beaucoup dormi. Il y a eu un énorme bruit de tonnerre et un autre bruit que je connaissais pas. Maman a crié et papa s’est levé pour voir. Maman l’a rattrapé par le pantalon et moi j’ai fermé les yeux pour pas voir sa culotte. Mais papa c’est le plus costaud. Il a gagné.
Il n’ y avait pas de lumière. Je cois qu’il voulait voir si le ciel était tombé.
Moi, j trouvais ça bien, que le ciel il tombe. On m’a toujours dit que les gens qu’on aime et qui sont partis pour un long voyage et qu’on va plus voir, ils sont dans le ciel, dans un endroit qui s’appelle paradis. On allait peut-être revoir ma grand-mère alors, la maman de mon papa. Et ça, ca devait pas faire plaisir à ma maman.
Papa est revenu et a dit que les vitres se sont cassées. Moi, j’ai accusé la mouche mais il m’a dit d’me taire et de dormir. Il avait l’air effrayant. Alors, j’ai plus rien dit. J’ai dormi ou j’ai fait semblant. C’était un peu un mensonge mais j’arrivais pas à fermer les yeux. La mouche avait suivi papa dans la chambre.
Le matin, quand le jour s’est levé, j’ai couru au salon. La vitre du balcon était cassée et parmi les morceaux de verre, j’ai trouvé la mouche.
Elle ne bougeait plus. Elle ne faisait plus de bruit.
C’était pas sa faute alors ? C’était la faute de qui ?
Papa m’avait pas menti mais il avait pas dit toute le vérité : le ciel était toujours à sa place.
Alors je me suis assise et j’ai ramassé la mouche dans un bout de kleenex et je l’ai déposé dans une des plantes du salon. J’avais un peu mal au cœur et j’avais envie de pleurer pour de vrai. Pas faire semblant pour avoir des bonbons ou un nouveau jouet. J voulais pleurer de vérité et pas de mensonges.
Après, j’ai vu mon arrosoir bleu. Il y avait encore un peu d’eau dedans. J’ai arrosé la plante, le kleenex et la mouche mais elle a pas bougé.
Papa est sorti de la chambre à ce moment-là. Il m’a vu sur la moquette. Il a crié car je ne portais pas de pantoufles. Ensuite, il a couru et il a examiné mes orteils. Il y avait un peu de sang.
Il m’a porté à la salle de bains et a mis de l’alcool sur mes pieds. Ca a brûlé. J’ai pleuré. Papa n’a pas crié. Il m’a pris dans ses bras. Il m’a caressé les cheveux.
J’ai senti qu’il pleurait aussi. Mais, j’ai rien dit. J crois que j’avais un peu honte, un peu comme quand j fais une bêtise et qu j sais qu c’est une bêtise et qu papa m gronde, ça fait tout chaud dans mes joues et mes poumons. Mais cette fois c’était pas moi qui avais fait la bêtise. Et c’était pas la mouche non plus. Et c’était pas papa. C’était qui alors ? Le ciel qui allait tomber ?
J’avais honte j crois, car papa est un monsieur, une grande personne et qu’ les messieurs et les grandes personnes, elles pleurent pas. Ni pour de vrai ni pour de faux.
J’ai voulu lui dire qu c’était pas grave si le balcon il avait plus d vitres. On aurait moins chaud. Et qu’c’était pas grave si la mouche bougeait plus. On en aura certainement d’autres, maintenant qu’il y a avait plus d vitre pour les empêcher d rentrer.
Mais j’arrivais à rien dire. Papa avait l’air triste, si triste.
Quand papa est triste, il met la radio et il chante un peu. Il dit qu ça lui redonne du courage. Alors j’ai fredonné dans son oreille. Doucement. La petite chanson de la pluie. Et j’ai pris sa tête dans mes bras et je l’ai bercé comme je berce Anaïs, ma plus vieille poupée.
Et papa s’est endormi. Il s’est couché à coté du verre.
C’est à ce moment là que le tonnerre a grondé très fort… et que j’ai vu la pluie tomber sur le balcon. Elle était bizarre cette pluie. Un peu comme de la craie mélangée à de l’eau….


Ce texte n'a pas trouvé de fin. Celles qui s'imposent depuis dix jours sont surtout graves et pessimistes et je n'en veux pas. Alors j'attends la fin de la guerre pour savoir ce qui est arrivé à la petite fille et à sa famille.

2 Comments:

At 8:16 AM , Anonymous Anonymous said...

This comment has been removed by a blog administrator.

 
At 8:55 AM , Anonymous Anonymous said...

ouf! trop fort ce texte... de quoi donner la chair de poule...
et puis je pense qu'il n'y a pas de mal a ce qu'il se termine "mal" (grave et pessimiste), puisque c'est la vision que TU as.

Ecoute, j'ai lu ce truc sur lebnanews et g directement pense a toi:

Le lien;
http://www.libnanews.com/2006/08/lettre_la_femme.html

 

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