Je dors longtemps, trop longtemps. Et quand je me réveille, la réalité reste épaisse, enveloppée dans un mélange de fond de teint qui pue et de brouillard humide. J’avance les yeux ouverts, vides de toute expression.
J’ai mal partout, au dos, au cou, aux mains. J’ai mal à l’intérieur. J’ai trop souvent la nausée. Ca vient de nulle part et ça me monte au nez.
Je suis assisse au milieu de gens qui parlent. L’ambiance est calme. Les idées se développent. On entend par moment les avions danser autour de nos têtes. Et, tout à coup ils s’éloignent tous, leurs voix ont des difficultés à atteindre mes oreilles. J’ai la nausée et je pleure. Je veux rentrer chez moi. Je ne veux plus parler. La journée a été trop difficile. Je pense aux enfants qui courent dans les cours d’immeubles et dans les cours d’écoles et à ceux qu’on a enveloppés ce matin dans des sacs plastics.
Une trentaine de petits sacs plastics. Les enfants doivent étouffer à l’intérieur même s’ils sont déjà morts. Ils auront du mal à s’envoler. Les sacs sont bien attachés.
Je pense aux enfants que je connais et que j’aime. J’AI PEUR. Je déteste avoir peur.
Je pense à la main du soldat qui a appuyé sur le bouton ou tirer la manette. Je pense à son visage, à son expression. Je pense à ses pensées. Et je ne vois rien. Car je ne sais pas à quoi ça ressemble d’être entièrement habité par le mal, d’être devenu le mal. Je ne sais pas.
Je pense aux frontières, ces lignes imaginaires qu’on a inventées pour séparer, créer des gens différents d’un coté et de l’autre.
Je pense à ce jour ensoleillé d’avril où j’avais visité Khiam et les frontières. C’était après la libération du Sud. C’était quand j’y croyais, que je voulais apprendre à être entièrement libanaise. Du nord au sud, de l’est à l’ouest.
Il est loin ce jour-la.
Il est loin ce matin d’avril.
Il est loin le soleil.
Et mon sentiment d’appartenance ? Je ne sais pas. Je déteste ne pas savoir. ET je suis condamnée à ne pas savoir :
- quand il y aura un cessez- le feu
- s’il y aura une véritable paix durable quoi.
- Que va-t-on faire de tous les déplacés ?
- Pourquoi…………………………… ?
- Pourquoi…………………………….. ?
- Pourquoi……………………………… ?
- Quand …………………………………. ?
- Quand …………………………………… ?
- Comment …………………………………. ?
-Jusqu’où…………………………………….? ...................................................... ..... ....... .. ..................................................................................................... ???? ? ? ? ? ? ? ? ...
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